clé USB
Cela s'est passé le dernier jour de juin. Je commençais tout juste à faire mes cartons, je triais les manuels que je garderais et ceux que je déposerais dans la rue, les stylos qui fuyaient et ceux encore en état de fonctionner, quand j'ai trouvé une clé USB au milieu d'étiquettes.
Cette clé contenait tout ce que je croyais avoir perdu, les cours, les textes et surtout les photos des années 2010, ce qui correspondait à une période allant du lycée à la fin de la licence.
J'ai regardé toutes les photos, il m'a fallu plusieurs heures. J'ai dû faire des pauses, trouver des distractions – envoyer un sms, étendre le linge, continuer à remplir un carton – tellement l'émotion était grande. Si prenante que j'en avais les larmes aux yeux.
J'étais heureuse bien sûr, car comme je l'ai dit je croyais avoir perdu ces documents du fait de changements réguliers d'ordinateur. J'avais d'ailleurs demandé à Nadine si elle avait des photos datant de cette époque, car je pensais vraiment ne plus rien posséder. Mais j'avais aussi une curieuse impression de gêne, je me sentais presque coupable. Comme si je violais ma propre intimité. Que je n'avais pas le droit de faire défiler ces photos qui appartenaient à une autre. J'ouvrais le journal intime d'une inconnue.
Je n'ai pas encore relu les textes que j'écrivais, il y en a beaucoup trop, il faudra prendre le temps. J'ai fait une deuxième sauvegarde de tous ces documents, je ne voulais plus laisser mes souvenirs au hasard. J'avais désormais besoin de recul.
Ce qu'il m'est resté de cet après-midi suspendu, c'est l'envie, et même la nécessité, d'écrire.