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Holden Caulfield
7 juin 2013

Prends garde, veille et prie. (3)

-          Je pensais qu’on trouvait ce genre d’histoire uniquement dans les romans.

-          T’as pas assez vécu. Il y aura des jours où tu te diras « c’est fou ce qui m’arrive ». T’es pas obligé de partir en pays étranger pour ça, ou de tourner le dos à ta famille. Rester dans sa ville, ou même chez soi, peut suffire.

-          Tu penses à quelque chose de précis ?

-          A toi de voir.

Ils marchent encore un peu. La nuit est bien avancée. Paulin doit rentrer, mais les exigences parentales ne sont pas sont souci premier. Il a oublié ses dix sept premières années. Il ne pense qu’à une chose, en savoir plus sur ce garçon.

-          Et c’est comme ça que t’as atterri dans ce trou de merde ?

-          Parle pas comme ça Paulin. Je m’y plais ici. Les gens sont sympas. Ils parlent pas trop. J’avais peur que ça jase à mon arrivée. C’est vrai, j’suis pas très vieux, qu’est ce qu’un jeune viendrait faire ici tout seul ? Ils auraient pu me prendre pour un voleur, et me traiter comme tel. Mais ils m’ont tous accueilli à bras ouverts, presque sans exception. Regarde Martine, celle qui tient l’épicerie. Elle est adorable. Elle glisse toujours des trucs en plus dans mon sac, sans que j’ai besoin de payer. Elle est bonne. Et rie pas toi. J’ai pas dit bonne dans ce sens. Vous autres les mioches vous pensez qu’au sexe de toute façon.

-          J’suis pas un mioche, dit Paulin en donnant un coup d’épaule à Vincent.

Ils courent dans la rue, l’un essaie de rattraper l’autre. Essoufflés, ils arrivent chez Vincent. Paulin dit « je suis content de t’avoir rencontré. On se voit demain ? » et part en cavalant sans attendre la réponse.

Le lendemain, les deux se retrouvent.

-          Et toi alors raconte ?

-          Oh moi tu sais, il s’est passé moins de choses que toi. C’est pas vraiment intéressant. Je préfère qu’on parle de toi.

En fait, Paulin a honte de n’avoir connu ni les filles ni l’Amérique. Au lieu d’une vie solitaire, il n’a gouté qu’aux concessions qu’exige une grande famille. Ses journées restent tristement identiques. Vincent lui inspire un profond respect. Il le vénère presque, pour tout dire. Plus qu’un ami, c’est devenu un maître.

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