La femme.
Elle lui demande s’il veut une tisane. Hugues fait un bruit indistinct, une sorte de grognement répugnant, elle prend ça pour un oui. Elle fait chauffer de l’eau, prend deux tasses, sort les sachets aux couleurs fanées. Elle n’a jamais aimé la tisane. C’est de l’eau chaude, un breuvage fade, rien de plus. Elle revient dans le salon, boit une gorgée brûlante, avale difficilement. Elle ne retouche plus à sa tasse. Elle ne ferme pas les yeux mais c’est tout comme. Ses yeux sont posés sur son mari mais elle ne le regarde pas. Elle traine son corps pesant jusqu’à la chambre. Un portrait de Marie est accroché, la vierge a des yeux bienveillants. Le mur est blanc, ils n’ont jamais pris le temps de le peindre. Il est fissuré par endroits. Elle se couche, espérant qu’il ne viendra pas la rejoindre trop tôt. Chaque soir quand il s’allonge, le matelas grince, lui aussi vieux et fatigué. Hugues pousse toujours un soupir, se racle la gorge, se tourne sur le coté droit et s’endort immédiatement. Elle songe à tous ces petits détails qu’elle ne supporte plus. Elle reste étendue dans sa chemise de nuit en coton blanc. Les mains jointes sur le ventre, comme un signe de prière.